En tant que coach et formatrice, je suis frappée de constater que la majorité de femmes me disent manquer de “confiance en elle”. Les hommes que j’ai accompagnés n’emploient pas cette expression ; ils disent par exemple manquer de “compétences” ou de “pugnacité”. Comment expliquer cette différence ? Est-elle de pure sémantique ou peut-on y déceler un conditionnement social ou psychologique ?

Je considère la “confiance en soi” comme un concept médian entre deux autres concepts : l’estime de soi et l’affirmation de soi.

L’estime de soi est un sentiment interne. S’estimer, c’est se considérer comme une personne qui possède une valeur intrinsèque, quelqu’un qui compte pour autrui. Ce sentiment se construit dès l’enfance dans l’interaction avec les parents et se nourrit ensuite du regard des autres. S’il est suffisamment développé, la personne a le sentiment d’avoir des droits au sein d’un groupe : droit d’être aimée et acceptée inconditionnellement, tel qu’elle est, avec ses forces et ses faiblesses, et respectée dans ses valeurs. L’estime de soi va conditionner le regard qu’une personne  porte sur son apparence physique, sur ses compétences, sur ses réussites personnelles et professionnelles, sur la richesse de sa vie affective. Une bonne estime de soi permet de développer l’amour de soi, des représentations positives de soi-même et de son avenir et donc de s’affirmer.

L’affirmation de soi ou assertivité ( de l’anglais assertiveness) s’observe dans une interaction sociale. S’affirmer, c’est savoir faire entendre et respecter son point de vue, ses valeurs et ses besoins tout en accueillant et en respectant ceux d’autrui. En psychologie sociale, on oppose cette notion à celles des comportements refuges ou réflexes de défense qui nuisent à la qualité et à l’efficience d’une relation : agressivité, passivité, manipulation.  L’affirmation de soi va s’observer dans la capacité à agir de façon dite congruente ou alignée : dire non, faire une demande, faire une critique constructive ;  accepter, accueillir et gérer en conscience les réactions de l’autre.

La confiance en soi se définit comme le pressentiment de posséder les ressources nécessaires pour faire face à une situation spécifique. Elle est donc contextualisée. Pourtant, elle m’est souvent présentée par mes participantes qui disent en manquer comme une sorte de faiblesse intrinsèque induisant une relation de cause à effet : “ je ne pourrai jamais m’affirmer tant que je n’aurai pas confiance en moi”. Dès lors, il faudrait commencer par renforcer la confiance en soi avant de pouvoir s’affirmer. Avec le risque de voir un cercle vicieux s’installer : je n’ai pas confiance en moi, donc je ne m’affirme pas ; ce qui me conforte dans l’idée que je n’ai pas de valeur ; cette croyance développe mon manque de confiance en moi, et ainsi de suite.

Et si nous inversions la représentation ? Si, au lieu de chercher à agir sur la confiance en soi, qui est de l’ordre de la croyance, nous travaillons sur l’affirmation de soi, qui est un comportement ?

Un déficit d’estime de soi peut trouver son origine dans un manque de signes de reconnaissances positifs envoyés dans l’enfance par des personnes référentes pour l’enfant, parents, enseignants (découvrez dans cette  vidéo un remarquable exemple d’impuissance acquise). Une démarche thérapeutique peut aider à prendre conscience des messages qui nous ont alors conditionnés. A l’âge adulte, ces croyances peuvent se trouver renforcées dans nos interactions sociales ; il devient plus facile de les conscientiser. Dès lors qu’elles se traduisent en comportement observables, nous pouvons les travailler en coaching ou en formation.

C’est pourquoi je choisis de travailler sur l’affirmation de soi en mettant en mouvement les personnes que j’accompagne, à travers des exercices d’interaction : avec moi, avec d’autres participantes en formation, avec des exercices de training relationnel. Et en leur proposant de passer à l’action en dehors de mes sessions : tester, tenter un premier pas ; voir ce qu’il provoque. Et décider, en conscience, du prochain pas qu’elles vont faire. C’est ainsi que, lentement mais sûrement, chacune d’entre nous peut apprendre à tisser son fil de Soi.

Un grand merci à Brigitte Quinton,  auteur et coach pour sa contribution à cet article.