La nouvelle année est déjà entamée et peut-être n’avez-vous toujours pas envoyé vos vœux à monsieur…, ni à madame…, ni à personne peut-être, parce que vous hésitiez, que vous avez procrastiné, ou pas trouvé le temps, ou l’envie, bref, les jours ont défilé et bref, vous n’avez pas passé le pas.

Vous avez peut-être fait mille autres choses : préparé des dossiers, couru d’une réunion à l’autre, géré des mails, des visios, des entretiens, du présentiel, du distanciel… Bref, vous n’avez pas arrêté.

Vous avez remarqué ? J’ai écrit “bref”. Trois fois. Ça vous arrive aussi ? Ça arrive souvent, dans les conversations. Mais attention : ne confondons pas les “bref”, le bref qui synthétise et le bref qui précipite…

Bref, brief, brèves : une même étymologie pour trois mots qui évoquent la même idée : faire court et rapide. Une idée récente ? Que nenni ! L’adjectif “bref” est apparu au XIème siècle, sémillant descendant du “brevis” latin pour qualifier un temps court. Il s’écrivait bref ou brief jusqu’à la fin du 19ème siècle. Au 17ème, il apparaît sous forme d’adverbe, “en bref” revenant à dire “en résumé, pour le dire en peu de mots”. Puis, petit à petit, le sens de l’expression a évolué, pour signifier “passons, enchaînons, changeons de sujet”.  “Bref” est désormais doté d’un super pouvoir : celui de balayer d’un mot une conversation en cours. Et de couper court à toute discussion potentielle. Exemple :

  • Vous avez terminé le dossier Trucmuche ?
  • Pas encore, j’ai contacté tel ou tel, il me manque tel élément, et je dois encore rédiger les conclusions.
  • Bref, vous n’avez toujours pas fini.

Tant pis pour vous si vous vouliez éventuellement développer l’échange, l’autre personne vous fait comprendre qu’elle ne vous écoutera plus…

Défions-nous de ce “bref” qui nous pousse à conclure, à enchaîner, à passer à autre chose, vite, vite, parce que le temps nous est compté. Et s’il était urgent de ne pas se presser ? De prendre le temps d’échanger, de creuser, de questionner ? S’affirmer dans un échange, dans une relation, c’est oser ralentir et faire ralentir l’autre. Plus l’enjeu est important, plus il convient de s’arrêter pour faire clarifier, concrétiser, surtout du flou. Questionner, écouter, reformuler sont les trois piliers de l’écoute active. Écouter et ressentir ses besoins, se mettre au diapason de l’autre nécessite de prendre le temps d’entrer en résonance et d’aligner les représentations. Alors seulement on pourra passer à l’action concertée : qui fait quoi où quand comment ?

Bref et donc en résumé, face à autrui, plus l’enjeu est important, plus il est urgent de ne pas se précipiter.

Car précipiter, en chimie, signifie “ former, dans une solution, un corps insoluble ou un trouble”.

Mais ceci est une autre histoire…

Et vous, en avez-vous conscience ?

Merci Brigitte Quinton pour ta contribution à cet article.