Elisabeth Badinter, dans son dernier ouvrage, Le conflit, la femme et la mère, explique que la condition féminine est entrée dans une phase de régression (depuis les années 80).

 

” Sous les coups conjoints de la crise économique, d’une idéologie familiale réactionnaire et d’une écologie radicale, la femme est aujourd’hui contrainte d’être une « mère idéale ». Pour se réaliser, elle doit avant tout élever et nourrir ses enfants, entre allaitement obligatoire et purées bios.”

 

L’ouvrage fait une critique de ce nouvel idéal maternel qu’on imposerait aux femmes pour mieux les faire rentrer au foyer. Le livre d’Elisabeth Badinter et les articles que suscite cet ouvrage ont le mérite d’éveiller les consciences et de parler de certains sujets qui passent sous silence comme par exemple le fait que les stéréotypes se renouvellent et prennent de nouveaux vêtements.

Pour ma part, je retiens l’interview d’E. Badinter dans le magazine Marie Claire du mois de Mars :

Les femmes subissent une pression sourde (“être une mère idéale”). Depuis trente ans il n’y pas eu de vrai débat sur ce que nous voulons et ce que nous ne voulions pas”

 

Les femmes que je rencontre dans mes animations sont effectivement souvent dans une logique de perfection, ce qui leur met une réelle pression.

Un exemple : j’interroge mes participantes sur leurs “besoins” et la manière dont elles les expriment. Ainsi Solange*, déléguée médicale, 2 enfants, travaille à 80% et se plaint qu’elle a du mal à se faire aider à la maison.

 

“Quand je demande à mon mari de m’aider ou de rentrer plus tôt pour conduire les enfants aux activités, il ne m’écoute pas ou me dit oui, mais ne le fait pas”.

Lorsque je lui demande de mettre en scène la situation, elle prend conscience qu’elle formule sa demande en reproche et non pas en termes de besoins (“tu n’es jamais là”, “tu rentres toujours tard”…).

Il faut d’abord prendre conscience pour agir. Les femmes doivent travailler sur leurs choix “conscients” et apprendre à exprimer leurs besoins, à partager la responsabilité d’être parents pour pouvoir se réaliser . Il s’agit de repenser la manière de vivre sa vie à deux et de sortir de la victimisation (“c’est toujours moi qui fais.. je dois…”). Plutôt que de rester sur des rôles attendus par la société (la femme à la maison, l’homme à l’extérieur). Se poser la question “quelle place je laisse à l’autre ?” Parler de ses choix, redéfinir les règles du jeu pour … S’interroger sur les tâches, les voir en termes de responsabilités mutuelles. Combien de couples se posent ces questions fondamentales ?

Nous devons agir pour prendre conscience. L’éducation, le partage des tâches se font à deux. Et si la femme repensait la place qu’elle laisse dans ces domaines ?

Cela lui donnerait des “ailes” pour prendre sa place à l’extérieur en toute légitimité.

Connaître les principes de l’affirmation de soi au féminin est un réel enjeu pour les femmes…et pour les hommes.

*nom et métier modifiés