A une époque dite “moderne” où les rôles sociaux sont de plus en plus partagés, où hommes et femmes en sont à rechercher une identité totalement bouleversée par les mouvements sociaux qui courent depuis l’après-guerre, deux mondes semblent évoluer en parallèle et en totale contradiction : la sphère privée d’une part, la sphère professionnelle de l’autre.
Dans la vie privée, la cellule familiale a vu apparaître un nouveau style de parentalité et une division du travail totalement inédite jusqu’alors. Le nouveau père, “homo modernicus”, a désormais sa place dans certaines publicités où l’on voit des hommes se préoccuper de lessive, de ménage, de courses et d’enfants en bas âge, des tâches longtemps considérées comme le domaine réservé des « mamas ».Il est frappant de constater que dès que l’on passe dans le domaine de la vie professionnelle, cette image s’estompe rapidement. En entreprise comme dans la vie politique, il n’est plus question de lien, mais de compétition. L’image projetée par les médias est celle d’un homme fort, sûr de lui, mâchoires serrées, convictions affichées ; il impose sa loi et sa volonté à son entourage. Il ne demande pas, il exige. Il ne respecte pas, il se fait respecter. Il est viril, son image est utilisée pour des produits plus érotisés – parfum, raseoir, déodorants. C’est un battant, un fonceur qui montre la voie et comme par magie, il est généralement suivi. Mais par qui ? Et pourquoi ? S’agit-il de charisme ou de totalitarisme ?

C’est ainsi que l’on confond parfois le chef et le leader. Le chef, c’est le mâle dominant vers qui toute la tribu se tourne en cas d’attaque ou de panique. C’est celui qui va décider, seul. Au risque de prendre la mauvaise décision. Parce que personne n’osera le contredire, ou le conseiller. Rappelez vous cet autocollant qui faisait fureur il y a quelques années : « Le chef a raison, Le chef a toujours raison, On entre dans le bureau du chef avec ses idées, on en sort avec les idées du chef… »

Et si le leadership, c’était autre chose ?

Et si le leadership consistait justement à reconnaître ses propres limites, ses faiblesses et à savoir s’entourer des compétences nécessaires pour mieux avancer ? Le leader, c’est un homme ou une femme qui sait rester en lien avec son équipe, s’appuyer sur elle et lui faire confiance. Il/elle connaît ses forces et ses faiblesses, sait maîtriser ses émotions mais aussi les exprimer et accueillir celles des autres sans jugement de valeur. C’est pourquoi hommes et femmes peuvent assumer des fonctions de leadership. Et faire le pari d’extirper les relations sociales du vieux schéma dominant/dominé cher à Darwin. L’homme a développé un cerveau complémentaire au cerveau limbique des mammifères ; il s’appelle le cortex. Il serait peut-être temps de nous en apercevoir.