Ce mois-ci avait lieu la première table ronde réunissant les leaders de quelques grands réseaux féminin autour du thème : « Réseaux de femme, le nouveau pouvoir ? » Les femmes à la tribune étaient non des féministes, mais des militantes contribuant à faire évoluer la place des femmes dans nos sociétés du XXIème siècle, défendant leurs libertés, des plus anecdotiques (liberté de fumer le cigare en public sans attirer des regards critique ) aux plus fondamentales (lutte contre la précarité les violences faites aux femmes).
Dans la salle… 99.99% de femmes. Etrange sensation… Il faut tirer son chapeau à ces femmes pour les combats qu’elles mènent, leur courage, leur détermination.Un double constat cependant pose question : les réseaux professionnels représentés ne réunissaient que des cadres, et pour la plupart, uniquement des femmes. Oui, il faut briser le plafond de verre qui empêche l’accès des femmes aux postes de direction ; et oui, la constitution de réseaux exclusivement féminins est sans doute nécessaire à la libération de la parole, à la prise de conscience d’une identité féminine propre… dans certains cas, bien spécifiques. Car ne risquons-nous pas, sous prétexte de lutter contre la discrimination, de créer une autre forme d’exclusion, en nous privant des échanges avec… des hommes ?
Et si le vrai débat était ailleurs ? Si ce combat n’opposait pas les femmes seules à une culture d’entreprise machiste mais plus globalement des hommes et des femmes également décidés à refuser une vision de l’entreprise centrée sur la domination, l’exclusion et la compétition ?Le modèle économique dominant prône encore un langage guerrier mais passéiste : conquête, lutte, front économique, etc.
En ces temps de crise et de mondialisation, la guerre économique n’est pas un vain mot, mais faut-il la mener comme une guerre de tranchée, en sacrifiant des « ressources humaines » comptabilisées comme des « FTE »(1) ou comme une guerre stratégique, en misant sur les potentiels et les synergies d’hommes et de femmes compétents ?Il fut un temps où les hommes partaient au bureau la fleur au fusil, prêts à tout sacrifier à leur carrière. Ce n’est plus vrai pour les nouvelles générations, et de plus en plus d’hommes aspirent eux aussi à trouver un nouvel équilibre entre une vie professionnelle et vie privée.
C’est une véritable redéfinition du masculin et du féminin que nous sommes en train de vivre. Et elle passera par l’affirmation de chacun dans son identité propre, envers et contre toutes les pressions économiques et sociales.
(1) : Full Time Equivalent, ou « équivalent temps plein ”