Ah, ce que je ris de voir des députés s’époumoner et se rengorger sur “l’effacement” du père lors des discussions sur l’attribution du nom de famille des enfants.

Bon, je ris, je ris… Je m’énerve aussi de tant d’ignorance, voire, je désespère….

Donc, avec le mariage des homosexuels, se pose la question du nom des enfants. Normal, me direz-vous. Avec deux mères, qui va transmettre sa “puissance paternelle”?

Donc la proposition de loi est la suivante: si les parents ne se mettent pas d’accord, on colle les deux noms des parents (par ordre alphabétique) et c’est marre!Et comme finalement, on met fin au monopole du nom du père (et je précise que je ne parle pas de Lacan), c’est la fin du monde.

Je suppose que l’on a cru aussi que ce serait la fin du monde quand les femmes exigeraient de garder leur nom patronymiques au lieu de devenir Mme Pierre Dupond.

Alors petit tour du monde des transmissions des noms de famille.

Espagne: je ne sais pas comment se porte la virilité des fiers espagnols mais il me semble que leurs enfants portent déjà les deux noms de leurs parents. Visiblement, pas de séisme symbolique à l’horizon.

Suède: alors là, c’est encore mieux. Lors du mariage, les deux époux choisissent de garder chacun leur nom ou prendre le nom de l’un des deux. Donc le mari peut prendre le nom de sa femme. Et ensuite, ils choisissent le nom des enfants ensemble (une condition: tous les enfants doivent avoir le même nom). Donc le nom de la mère, du père ou des deux. Ces fiers nordiques sont-ils devenus inexistants et falots pour autant? Allez poser la question à Zlatan si vous osez!

Islande: encore un autre système. Votre nom de famille, c’est le prénom de votre père avec “son” (fils de) ou “dottir” (fille de) à la fin. donc si votre père s’appelle Sven et que vous êtes une fille, vous vous appelez “Svendottir”. donc, finalement, c’est horrible parce que les pères, là-bas, n’ont même pas de vrai nom de famille. Mais comment font-ils pour se sentir encore des hommes, ces descendants de vikings?

Alors, comment dire… En matière de famille comme d’éducation, il y a plusieurs façons d’écorcher un lièvre et dans nos temps modernes, on peut même l’acheter coupé et congelé.  Il y a bien des façons de fabriquer des pères et des familles et  la transmission de son nom n’est qu’une possibilité parmi d’autre d’exercer sa paternité. Et cette transmission  est plutôt un témoignage de notre histoire et de l’évolution de notre code civil  plutôt qu’une nécessité absolue pour transmettre une structure d’étayage à ses enfants.

Alors s’il vous plait, les députés, arrêtez de vous regarder le nombril et levez la tête pour apprendre à faire la part du fondamental et de l’accessoire, ouvrez un peu vos cadres de référence et tricotons des lois qui soient utiles, bien faites et protectrices des droits de chacun.

Si vous avez d’autres exemples de transmission du nom, laissez-moi des commentaires. Je suis très intéressée.