J’ai récemment lu un livre qui s’intitule « Comment les Eskimos gardent les bébés au chaud» de Mei-Ling Hopgood.
C’est un livre très intéressant quand on s’intéresse à la façon dont les parents du monde entier s’occupent de leurs enfants et il permet aussi de se remettre en cause certaines certitudes qui sont parfois posées comme des vérités scientifiques.
On peut prendre l’exemple du jeu. Aujourd’hui en France, c’est quasiment une banalité de dire qu’il faut jouer avec ses enfants. Tout le monde joue (soi-disant) avec ses enfants et mon dieu, si on ne veut pas passer pour une mauvaise mère en société, il vaut mieux reprendre le refrain et même savoir dire tout ce que les enfants apprennent d’absolument formidable quand ils jouent avec leurs parents!
Et bien, voilà une annonce qui va vous soulager ! Ce n’est pas obligatoire. Vous ne serez plus obligée d’endurer des séances de petites voitures ou d’habillage de Barbie en cachant votre ennui (au mieux) ou votre exaspération (au pire). Il y a, en effet, des populations dans le monde (les polynésiens notamment cités dans le livre) où les adultes ne jouent pas avec les enfants et franchement, ils n’ont pas l’air d’en souffrir plus que cela. Par ailleurs, la prochaine fois que vous regardez « bienvenue en terre inconnue », observez si vous voyez des adultes jouer avec des enfants. Entre la traite des chèvres, les 3 km pour aller chercher de l’eau, la préparation du repas ou la récolte des céréales pour l’hiver, il ne reste pas beaucoup de temps pour jouer à des jeux d’enfants.
Attention, avant que vous me tombiez dessus à bras raccourcis, je précise que si les parents ne jouent pas avec leurs enfants, cela ne les empêche pas d’interagir et de partager des activités avec eux. Et bien sûr, les enfants jouent mais avec d’autres enfants.
Quelle est la conclusion que j’en tire ?
1. qu’il faut arrêter de culpabiliser si l’on n’a pas envie de jouer à des jeux d’enfants avec nos enfants
2. qu’il vaut mieux inviter des enfants chez soi pour qu’ils jouent avec les nôtres (impossible chez nous de laisser jouer les enfants dans la rue)
3. que si les interactions parents-enfants sont fondamentales, elles peuvent s’organiser autour d’activités réelles : écosser les petits pois, ranger le linge propre, ranger les courses….ou de jeux partagés qui plaisent aussi aux adultes
Quelque fois, il m’arrive d’avoir la pensée effrayante suivante : à force de se sentir obligé de jouer avec nos enfants, on a fini par pervertir le sens du jeu.
Je m’explique. Théoriquement, on joue pour se faire plaisir, pour le plaisir de jouer et on n’a pas besoin de plus de justification. Si je joue aux aventuriers du rail un dimanche après-midi, je joue parce que c’est un moment de plaisir, pas parce que je peux apprendre les capitales des états américains.
En revanche, quand les parents choisissent un jeu pour les enfants ou un jouet, ils pensent souvent : Qu’est-ce qu’il va apprendre ? Et ils finissent par n’en voir que le coté éducatif et non pas le coté plaisir. C’est vrai qu’ils sont aidés en cela par l’industrie du jeu et du jouet qui propose des jeux pour chaque apprentissage et avec un message caché assez fort pour que tout le monde l’entende « si vous ne faites pas cela, vos enfants ne se développeront pas correctement et ils ne seront pas intelligents ! »
Alors oui, les enfants apprennent des choses en jouant (et pas forcément ce que l’on croit) mais ils y connaissent aussi des moments de plaisir qui risquent de disparaitre si l’on transforme tout en entreprise d’éducation et de performance.
Alors, jouez avec vos enfants à des jeux qui vous plaisent aussi à vous et non, vous n’avez pas d’obligation de jouer aux playmobil pendant des heures.
Et pour finir et éviter certaines critiques, oui, il est important de jouer avec les bébés à « la petite bête qui monte », à « à cheval gendarme » ou à « coucou »…
et là prochaine fois, je vous dirai comment les asiatiques font pour rendre leurs enfants si bons à l’école et ce que l’on peut apprendre d’eux.
Bonnes fêtes de Paques