L’enfer est pavé de bonnes intentions. Après des siècles de gestion de la pénurie, nous faisons face à un nouveau défi: gérer l’abondance!

Rappelez-vous votre mère, votre grand-mère ou votre arrière grand-mère.il fallait accommoder les restes, raccommoder les chaussettes, faire des torchons avec les vieux draps, bref, gérer la pénurie.
Aujourd’hui, c’est l’inverse. Il faut savoir gérer l’abondance.
Quand j’étais petite, il y avait les yaourts natures (avec un pot en carton recouvert de paraffine. si on grattait trop avec la cuillère, on mangeait de la cire), les yaourts aux fruits et les yaourts sucrés.
Si vous allez dans n’importe quel supermarché aujourd’hui, il y a des mètres et des mètres de yaourts sucrés, pas sucrés, aux fruits, allégés, au chocolat, avec des miettes de gâteau etc…
Pas facile de dire stop. Pas facile de mettre des limites. Après tout, il n’y a pas de mal à se faire du bien!
Malheureusement, si. Car tout est dans la mesure. Il n’y a pas de mal à se faire du bien si on sait ce que veut dire le mot “suffisamment”. Sinon, c’est toujours trop.
D’où une question fondamentale de l’éducation: comment apprendre à nos enfants ce que veulent dire “pas assez”, “suffisamment” et “trop”?
et quels sont les effets du “trop” de jouets, de vêtements de nourriture…?
et du “pas assez” de règles et de frustrations?
Et comment reconnaitre que l’on est dans l’outrecomplaisance?
Pour cela, il faut se poser les 4 questions suivantes qui ont été mises au point par Jean Ilsley Clarke. Si vous répondez “oui” plus de deux fois, vous êtes sans doute dans l’outrecomplaisance!
  1. Cette situation empêche-t-elle l’enfant d’apprendre les tâches qui favorisent les apprentissages et le développement appropriés à son âge ?
  2. Cette situation donne-t-elle une quantité disproportionnée des ressources de la famille à un ou plusieurs enfants ? Les ressources incluent l’argent, l’espace, le temps, l’énergie, l’attention et l’investissement psychique.
  3. Cette situation existe-t-elle au bénéfice d’un adulte plus qu’à celui de l’enfant ?
  4. Le comportement de l’enfant porte-t-il potentiellement préjudice aux autres, à la société ou à la planète, d’une manière ou d’une autre ?
Pour terminer, voilà un exemple.
Robert a 15 ans. Tous les matins, sa mère arrive en retard au travail car lui ne se lève pas assez tôt le matin. Pourtant, c’est sa mère qui le réveille et lui prépare son petit déjeuner.
Question 1: Oui, cette situation empêche Robert d’apprendre à anticiper et à se prendre en charge. Il n’apprend pas que ses actes ont des conséquences. Il se lève en retard et c’est sa mère qui est en retard au travail!
Question 2: Oui, la mère de Robert lui consacre un temps qui ne lui est pas normalement destiné.
Question 3: On peut se poser la question. La mère de Robert tire-t-elle avantage d’être toujours stressée quand elle arrive au travail? C’est possible. Elle pense sans doute aussi que c’est la preuve qu’elle est une bonne mère. Elle prend soin de son fils. Mais c’est au détriment de son fils qui doit apprendre à se prendre en charge.
Question 4: Le comportement porte préjudice à sa mère qui arrive en retard.
On a donc bien ici une situation d’outrecomplaisance. Elle part d’un bon sentiment: il ne faut que Robert arrive en retard. Mais le problème reste que Robert n’apprend pas qu’il faut être à l’heure. Et en général, la vie se charge de nous présenter ses leçons jusqu’à ce qu’on les apprennent….
Si ce thème vous intéresse, j’anime un atelier de formation le 20 mars après midi au Vésinet.